Santiago de Compostela ! Tant de chemins y mènent. En France, les Chemins de Saint-Jacques convergent vers les cols pyrénéens. En Espagne, les Caminos de Santiago convergent vers la ville de l’apôtre, de toutes les directions. Il n´y a pas que le Camino Francés !
Le Camino Francés : celui qu´empruntait la majorité des pèlerins venus de France, le plus fréquenté, emblématique. Même si cette célébrité a ses inconvénients, il me semble qu´il faut l´avoir pris, parce que c´est sur cette voie que l´on ressent le plus fortement l´empreinte des innombrables pèlerins qui l´arpentèrent depuis mille ans.
Sa richesse en églises romanes ; les paysages de chaque région – les montagnes pyrénéennes et Roncevaux, la Meseta et ses plateaux et ses ciels infinis, les montagnes de Galice tout en genêts et bruyères, la beauté de la ville de Santiago, enfin la côte du bout du monde ; la quantité et la diversité des rencontres avec des pèlerins de tous les pays, de toutes les langues, histoires et conditions physiques : c´est un chemin qui marque une vie, c´est souvent la première expérience, on en revient sinon changé, au moins enrichi pour la vie.
Sa forte fréquentation a aussi l´avantage de sécuriser cette première expérience : on ne se perdra jamais, on sera rarement seul à moins de le souhaiter, on n´aura pas à dormir dehors.
Arrivés à Fisterra, la mer nous barre la route.
Mais le voyage est si marquant que nombreux sont ceux qui rêvent de le reprendre. Une dizaine de Caminos traversent l´Espagne et le Portugal depuis les côtes méditerranéennes et atlantiques. Ils sont bien balisés, entretenus, dotés de structures d´accueil et bien documentés. Je voudrais recenser ici ceux que je connais, de manière un peu informative et très subjective.
La Via de la Plata est devenu un des itinéraires les plus fréquentés. Elle débute à Séville, mais on peut aussi partir de Cadiz, sur la côte. Elle monte plein Nord. Elle passe par « une des plus belles villes du monde », Salamanca, avant de bifurquer vers l´Ouest sur le Camino Sanabrés, ou bien de continuer tout droit pour rejoindre le Camino Francés à Astorga.
Elle traverse d´abord les riches terres d´élevage d´Andalousie, ou l´on marche au printemps dans un vrai tapis de fleurs, sous les chênes verts, en compagnie de cochons noirs et – plus à l´écart quand même – de taureaux presque sauvages. Un parfum d´aventure est apporté par les cours d´eau qu´il faut souvent traverser à gué, un pont étant superflu la plus grande partie de l´année.
En Estremadura, cette voie romaine est un chemin de hauts-plateaux, souvent rectiligne, qui demande des forces plus mentales que physiques et comble nos désirs de grands espaces.
Mais il faut bien traverser les montagnes, pour aller vers l´Ouest. Le Camino Sanabrés met au pied du mur le pèlerin heureusement aguerri. Il devra passer quelques cols et s´attendre au mauvais temps de la rude Galice. Mais il trouvera souvent du réconfort dans des albergues bien aménagées.
Cet itinéraire bien connu des Français débute à St Jean-de-Luz. Je n´en connais que la seconde moitié. Sans être un « sentier des douaniers », il longe la côte atlantique pour finalement lui aussi s´attaquer aux Montagnes Cantabriques par le Camino Primitivo puis se mêler à la foule des dernières étapes du Camino Francés
En Asturies, ce chemin de montagne remonte aux tout débuts du pèlerinage à Santiago, quand tout le reste de la péninsule était sous domination maure. Des églises fascinantes y témoignent d´un style particulier, préromanes du 10è siècle ou même wisigothiques, encore quelques siècles plus tôt.
Ce chemin, aussi connu sous le nom de chemin Viejo, part de Bilbao pour rejoindre le chemin français à Villafranca del Bierzo. Ce chemin était emprunté au XIIème siècle, par les pèlerins, traversant les montagnes par crainte des musulmans.
Il part de la côte méditerranéenne à Valencia et rejoint la Via de la Plata à Zamora. Une fois traversées les orangeraies où des panneaux à tête de mort signalent les traitements phytosanitaires dangereux, on monte sur les hauts-plateaux céréaliers. C´est un chemin sans difficulté, extrêmement solitaire – j´y ai rencontré 1 seul pèlerin sur les 800km, en avril 2015. Une visite qui compte est celle de Toledo avec le souvenir de El Greco et la vieille ville où l´on peut arpenter pendant des heures les rues anciennes sans jamais les reconnaître.
Cet itinéraire tout récemment balisé depuis Almeria au coin Sud-Est de l´Espagne est lui aussi très solitaire. Il est lui aussi bien pourvu de structures d´accueil – albergues ou bien vestiaires de salle de sport. Sur ces deux chemins, c´est très souvent auprès de la Policia Local que l´on obtient la clé.
Après un démarrage assez raide qui contourne la Sierra Nevada enneigée, on découvre les deux merveilles, Granada puis Cordoba.
La traversée d´immenses oliveraies, pendant des jours, a son charme : le gris-vert si doux des oliviers et le rouge de la terre, et le fait que les chemins suivent les courbes de niveaux des collines, de sorte que l´on ne s´ennuie pas.
Ce chemin rejoint la Via de la Plata à Mérida, la ville romaine.
Deux chemins traversent le Portugal du Sud au Nord : le Caminho Portugues d´une part, le long de la côte, que je ne connais pas ; et un autre en voie de balisage, le Caminho Nascente, qui commence à Faro sur la côte atlantique et longe la frontière espagnole pour rejoindre le Camino Sanabrés à Ourense. Les hébergements y sont encore rares. Quelquefois, les pompiers acceptent d´ouvrir leur dortoir aux pèlerins. La notion de « pèlerin » d´ailleurs ne commence à avoir une certaine résonance que lorsque que l´on approche de Fatima. Jusque là, il faut parfois désamorcer la méfiance des habitants.
Si, sur les autres chemins, une tente peut être bien utile et dépanner ici ou là, elle est indispensable sur cette voie pour laquelle n´existe d´ailleurs pas encore de guide en Français. Mais l´aventure est grandiose, elle offre des paysages sauvages, merveilleux, souvent montagneux, souvent pauvres. On ne croise pas âme qui vive de la journée, mais au bord de chaque ruisseau chante un rossignol.
On peut se rendre à tous ces points de départ – et revenir de Santiago – en autocar depuis Rennes. C´est long et pas très confortable, mais justement une prolongation du voyage et un retour moins brutal à la vie quotidienne.
Pour vous aider à préparer ces longues itinérances, vous pouvez cliquer ici afin de trouver le guide qui vous convient.